La rébellion lacustre face à une Biodiversité aquatique fragile et à la Pauvreté des Communautés des littorales du Lac Kivu, en République Démocratique du Congo

La rébellion lacustre face à une biodiversité aquatique déjà fragile dans le Lac Kivu, en République Démocratique du Congo, est un phénomène préoccupant qui résulte de pratiques de pêche destructrices et d’une gestion environnementale défaillante. Dans le cadre du projet “Increasing media capacity to implement the Kunming-Montreal Global Biodiversity Framework in the Democratic Republic of Congo”, soutenu par Internews Europe et Earth Journalism Network, et mis en œuvre par MKAAJI MPYA asbl et en partenariat avec KILALO PRESS, une émission publique radiodiffusée a été organisée le 20 octobre 2024 à Kabare, Bushwira, sur les rives du Lac Kivu. Cet événement visait à donner une voix aux communautés locales, en particulier aux pêcheurs artisanaux et aux femmes qui dépendent de la pêche pour leur subsistance.

MKAAJI MPYA asbl (2024)

L’une des principales problématiques soulevées lors de cette émission publique radiodiffusée concerne la pêche illicite, notamment l’utilisation de filets inappropriés, tels que les moustiquaires, qui capturent tous les poissons, y compris les alevins à leur passage. Cette pratique a des conséquences dramatiques pour l’écosystème aquatique du Lac Kivu. Depuis 2020, les pêcheurs artisanaux constatent une diminution significative de leurs captures, conséquence directe de ces méthodes de pêche illégales et des effets du changement climatique. En outre, l’urbanisation croissante autour du lac contribue à la pollution des eaux, notamment à travers le déversement de boues et de déchets, qui entrave le développement des poissons en les empêchant de trouver des espaces propices à leur reproduction.

Les communautés locales, notamment les femmes vivant sur les littorales du lac, sont gravement affectées par cette situation. Leur économie est directement liée aux ressources halieutiques du Lac Kivu, mais elles sont souvent dans l’incapacité de se procurer des filets de pêche durables, dont le coût atteint au-delà de 500 USD. En raison de la pauvreté, elles doivent souvent recourir à l’endettement pour en acquérir, avec des remboursements difficiles. Les femmes, comme les autres membres de la communauté, subissent également l’impact du déboisement, car les bambous, autrefois présents en grande quantité le long des rives, ont été coupés pour la construction de maisons ou l’agriculture, violant ainsi les réglementations environnementales.

Lors de cette émission publique radiodiffusée, il a été mis en lumière la complicité de certains services de sécurité, des agents des ministères associés dont celui de l’Environnement et de la Pêche, ainsi que la corruption qui gangrène la gestion du lac. Cette situation a été qualifiée de « rébellion lacustre » par les participants, qui ont exprimé leur frustration face à l’inaction des autorités et à la dégradation continue de l’environnement. Pour faire face à ces enjeux, les participants ont suggéré des mesures urgentes telles que la restauration des littoraux du Lac Kivu, la plantation de bambous pour recréer des espaces de reproduction pour les poissons, ainsi que la collecte des déchets plastiques et leur interdiction. De plus, la création de coopératives féminines et des initiatives de sensibilisation à la conservation de la biodiversité sont essentielles pour renforcer la résilience des communautés et promouvoir des pratiques de pêche durable.

Cette émission publique radiodiffusée fait partie d’une série d’autres émissions publiques radiodiffusée menées par MKAAJI MPYA pour sensibiliser les communautés autochtones et locales à la conservation de la biodiversité, à la lutte contre le changement climatique et à la gestion durable des ressources halieutiques et bien d’autres s’inscrivant sur les 23 cibles du cadre mondial de la biodiversité. Celle-ci,  a permis de mettre en avant l’importance de la pêche durable et des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, contribuant ainsi à la préservation des services écosystémiques du Lac Kivu.

Enfin, il est important de noter que les résultats de toutes ces émissions ont étaient intégrés dans la révision de la Stratégie et  Plan d’Action National pour la Biodiversité (SPNAB), ce qui représente une victoire significative pour ces communautés, pour MKAAJI MPYA et contribuant à la mise en œuvre effective du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal en République Démocratique du Congo et ses 23 cibles.

Related Posts