L’Approche de Restauration des Ecosystèmes par Ménage (AREM) : un modèle pour la résilience climatique et le renforcement des moyens de subsistance des peuples autochtones Batwa et communautés locales en Territoire et Ville d’Uvira

La gestion durable des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique et ses effets, sont des défis mondiaux de plus en plus pressants. Dans un tel contexte, MKAAJI MPYA asbl a intégré une solution novatrice pour répondre à ces enjeux à travers son Approche de Restauration des Ecosystèmes par Ménage (AREM). Sa remise officielle aux autorités urbaines de la Ville d’Uvira, au Sud-Kivu, marque une étape très significative dans les efforts de MKAAJI MPYA et ses partenaires qui visent à résoudre les défis environnementaux et socioéconomiques dans toute la plaine, une des zones d’intervention de l’organisation. Cet outil, mis en place pour restaurer les paysages environnementaux essentiels, dans le contexte des conflits fonciers, du faible engagement communautaire, contribue à la conservation de la biodiversité et facilite l’adaptation au changement climatique en soutenant les moyens de subsistance des ménages plus durables, offre une solution pragmatique pour renforcer la résilience climatique communautaire à l’échelle locale.

Cette remise avait également pour but de stimuler les autorités à prendre des mesures concrètes et stimuler leur engagement dans l’adaptation et atténuation au changement climatique dans les milieux urbains, périurbains et ruraux en utilisant cette approche novatrice dans la restauration et pour une meilleure gestion des espaces naturels à travers des politiques publiques  locales tenant comptes des défis locaux vers la résilience climatique. 

La restauration des écosystèmes des zones humides, une solution face aux défis environnementaux

La restauration des écosystèmes des zones humides, essentielle dans l’adaptation et atténuation au changement climatique, joue un rôle fondamental dans l’équilibre écologique non seulement au niveau local, mais également dans la région. Ces zones humides, souvent négligées ou mal gérées, sont des filtres naturels, des réservoirs de biodiversité et des régulateurs des cycles de l’eau. A Kahororo, en territoire d’Uvira, à travers l’Approche AREM, MKAAJI MPYA s’attaque à la dégradation de ces écosystèmes en proposant des solutions d’adaptation durable en améliorant à la fois les moyens de subsistances des peuples autochtones Batwa et communautés locales.

L’implication des peuples autochtones Batwa et les communautés locales dans la restauration des écosystèmes des zones humides dans la Plaine de la Ruzizi

Les communautés autochtones et locales, notamment les peuples autochtones Batwa, sont des acteurs indispensables dans la mise en œuvre des activités de restauration dans la plaine de la Ruzizi, et spécifiquement dans la presqu’île de Kahororo. Ces populations, traditionnellement en lien étroit avec la nature, sont les premières touchées par les effets néfastes du changement climatique. Cependant, elles sont également les plus            aptes à jouer un rôle central dans la restauration des écosystèmes, car elles détiennent un savoir-faire traditionnel de gestion durable des ressources naturelles.

Les Clubs Ruraux de Conservation (CRC) de MKAAJI MPYA, implantés dans cette zone, représentent une initiative remarquable de collaboration entre les communautés locales et les autorités. Ces clubs sont des espaces où les habitants s’engagent activement dans la restauration des zones humides, en plantant des végétaux adaptés et en mettant ensemble des pratiques agroécologiques qui favorisent la biodiversité.

Restauration des zones humides de la Plaine de la Ruzizi : Palmiers à huile et bambou comme leviers économiques et solutions durables au changement climatique

La culture du palmier à huile, en particulier, s’avère être une solution gagnant-gagnant. Cette espèce joue un rôle très important dans la restauration des écosystèmes des zones humides dans la plaine de la Ruzizi, une zone particulièrement vulnérable au changement climatique, tels que les inondations, les vents violents, la sécheresse, la montée des températures, la rareté des ressources naturelles, etc. Le palmier à huile agit comme un brise-vent naturel, protégeant les terres agricoles contre l’érosion tout en améliorant la structure du sol.

Au-delà de ses bénéfices écologiques, le palmier à huile offre des opportunités économiques significatives à ces communautés. Il est une source de production d’huile de palme très importante pour l’autonomisation socio-économique de ces communautés, utilisée dans diverses applications, telles que la cuisine, la production d’engrais et la fabrication de produits dans la médicine traditionnelle, etc.,  contribuant au bien-être des communautés autochtones et locales dans la Plaine de la Ruzizi.  À ce jour, plus de 335 ménages disposent chacun d’un palmier à huile, supervisé et entretenu par les ménages eux-mêmes. Cela stimule l’engagement communautaire en responsabilisant les ménages dans la restauration des écosystèmes des zones humides, au sein de leurs champs familiaux, dans les avenues et dans les marais partagés entre les communautés à Kahororo.

Les bambous en revanche, en plus d’être des essences importantes dans la restauration des zones humides, sont aussi utilisées pour diverses applications, telles que la fabrication de meubles, de matériaux de construction et d’autres produits artisanaux. Ces espèces présentent donc l’avantage d’être rapidement cultivées et commercialisées, en créant ainsi des opportunités économiques pour les peuples autochtones. Au-delà de ses qualités, le bambou joue un rôle important dans la lutte contre les changements climatiques, notamment dans la séquestration du carbone en raison de leur croissance rapide et de leur capacité à capturer et stocker du dioxyde de carbone. Grâce à leur système racinaire dense, les bambous sont capables de stabiliser le sol tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Leur culture est donc pour nous un moyen naturel et efficace pour atténuer les effets du changement climatique dans la Plaine de la Ruzizi.

L’AREM déployée à Uvira est bien plus qu’une simple approche  d’adaptation au changement climatique. Elle incarne une vision holistique de la gestion durable des écosystèmes, où leur restauration, la résilience climatique et l’amélioration des conditions socioéconomiques des communautés locales vont de pair.

Il sied de signaler que ces action de restauration tenues à Kahororo dans la Plaine de la Ruzizi  s’inscrivent dans le cadre du projet « Youth-led Mangroves and Inland Wetlands Restoration for Regional Climate Adaptation and Resilience » financé par GEF et l’UNIDO. Grâce à ces efforts combinés et la participation active de peuples autochtones Batwa et communautés locales réunies au sein du Club Rural de Conservation de MKAAJI MPYA à Kahororo et des autorités publiques à Uvira,  ces activités de restauration ont été une étape déterminante dans la mise en valeur de plantes à la fois économiquement rentables pour les communautés autochtones et locales  comme le palmier à huile et  bambou, et est une voie prometteuse pour un développement tenant compte à la fois l’aspect social et environnemental.

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